Ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne,
gare à toi, gare, car le diable est devenu dément,
fuis au fond des sources pures et profondes,
plie-toi dans la plaque de verre,
dérobe-toi derrière la lumière des diamants,
sous les pierres, parmi les insectes rampants,
ô cache-toi dans le pain frais,
mon pauvre, pauvre ami.
Infiltre-toi dans la terre avec les pluies nouvelles -
c'est en vain que tu plonges ton visage en toi-même,
tu ne pourras jamais le laver que dans l'autre.
Sois la lame de la petite herbe,
et tu seras plus grand que l'axe de l'univers.
ô machines, oiseaux, feuillages et étoiles !
Notre mère stérile réclame un enfant.
Mon ami, mon amour d'ami,
que cela soit terrible ou sublime,
ce n'est pas moi qui clame, c'est la terre qui tonne.
Attila Jozsef
© Gabor Kardos, 1997 (adaptation de Kristina Rady) pour la traduction
Attila Jozsef - A coeur pur/ Fiction & Cie (Seuil) 2008