Les hangars entôlés les entrepôts
sont postés à toutes les issues
ils contiennent la marchandise
leurs panneaux colorés nous appellent
leur publicité
leurs clins d’œil
La marchandise est partout
elle s'y reproduit elle s'y divise
elle déborde
tout ce qui vit ici en dégorge comme un flux percé
les grosses veines
les rebuts les cartons les emballages
les films plastiques le polystyrène les palettes
les couvercles cassés les coins de bois les liens s'additionnent au cloaque
nous qui n'avons pas
la marchandise la came le produit
et tout de suite il est là le vieux rêve
il est pâle, effiloché, il ne tient à rien
ce n'est qu'une empreinte
il dit la plénitude
le sentiment irraisonné d'un monde à soi
il chante
mais c'est une gueule vorace une morsure
elle a plusieurs visages
dans le ciel, des corbeaux
ce sont peut-être les seuls oiseaux
et leurs croassements glissent sur le champs de bataille
ici, nous avons failli
© Lacalavera
© Illustration "La beauté fuite" BlueRabbit&Léa (2017)
poésie - Page 5
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Chants de la Terre gaste (3)
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Chants de la Terre gaste (2)
multiplication des voies chacun a sa route
elles tournent se croisent se chevauchent se coupent
elles vont partout
nostalgie des cavées des drailles des traverses
que l’on prenait en sifflotant les yeux calmés
ces passages n’intéressent plus les hommes,
ils leurs préfèrent des flux connectés
qui saturent les sens,
la ronce y va les rameaux ont pris une ampleur inquiétante
ne subsiste qu’une impression de chemin
quelque chose que les corps auraient laissé
en passant
une direction
comme la fuite d’un animal
avant que les bois se referment.
Un jour je le sais nous vivrons avec les bêtes
© Lacalavera -
Chants de la Terre gaste (1)
A la jointure des villes et du vent,
Peau grise coulée qui recouvre
cette terre n’est pas la nôtre
pourquoi vivons-nous sur cette peau grise ?
homme en pot
depuis quand
depuis quand n’avons-nous pas marché
herbe humide de rosée
nu sur la terre nue
senti sa texture l’onctueux l’odeur
homme de peau coupé
découpé tout oublié
reprogrammé
Les machines lui font comme une aura
elles tournent pour un dieu nubile
© Lacalavera