Au bout de quelques temps la ville s’efface ne reste qu’un sentiment de ville pourtant
il suffit d’obtenir une certaine concentration une masse critique d’immeubles d’horizon vertical d’automobiles de bus d’automobiles de bus et de bruit
les odeurs de gaz brûlés la fumée les moteurs le bruit des moteurs la ville est là de nouveau
mais il manque les gens c’est plus difficile il faut des détails il faut des yeux ne pas passer comme ça sur les visages les visages de tous ces gens qui font la ville derrière les vitres debout avec leur yeux des gens qui s’y mêlent au contact à toucher le mélange en avoir devant et derrière d’autres gens qu’on ne verra jamais comme une réserve un tiroir qui s’ouvre soudain et déverse une foule là-bas
car la ville continue derrière et les grands magasins la lumière qui frappe
les façades le verre des immeubles les vitrines
elles s’alignent elles s’allument ce qui est écrit les affiches la pub et tous les mots les signes les logos
tout défile la tête s’abandonne à ses manies la ville camisole tout ce qui vit la foule vitrifie tout ce qu’elle touche il faudrait un miracle que l’on ait envie de rire de se retourner (un sentiment de joie qui vous fait dire encore et encore et encore) mais cela ne tient pas c’est juste une image un peu lourde en mémoire mais elle contient la ville comme ces boîtes qu’on ouvre et tout est dedans
mais j’entends à nouveau le clapotis du ruisseau, je me souviens des filets d’eau
© lacalavera
Commentaires
« Nous entrerons aux superbes villes… » Smyrne, Samarkand, Rusicada… les villes ne sont plus que des rêves de ville. Des autos partout, mais vraiment partout bouchant tout, des boutiques de fringues partout, des agences bancaires et immobilières partout. A part les points-chauds, les kebabs, les bars de nuit estampillés latins, irlandais ou sildaves et ceux qui s’ethnicisent pour ne pas dire ghettoïsent restent un ou deux cafés où quelques fantômes boivent leur dernier verre pour retarder je ne sais quoi, un sursis avant l’exil…
@Mécanofils
hé, prévenez-moi quand vous quitterez la ville !
Peut-être s’il n’aura pas été trop tard
pour le dernier train déjà au loin
pour le navire à l’horizon
pour l’avion quittant la piste.
un contretemps dans chaque main
les pieds plantés au bord du quai