3500 ans de dettes
boire quelques ouzos en terrasse sous l'ombre bienveillante des platanes
ou une bouteille de retzina bien fraîche
à la fin des seventies la Grèce était le paradis des routards désargentés qui ne trouvaient déjà plus leur place aux Baléares
au lycée, on s'échangeait les plans d'îles
les Sporades du nord avaient la cote
là-bas on pouvait vivre de rien nus sur les plages désertes des figues du pain veillés par les dauphins
on trouvait encore quelques gâteries produits d'export de la Turquie voisine, "Shine on your crazy diamonds" presque en V.O. cela avait de la gueule, une sorte de session de rattrapage pour ceux qui étaient nés trop tard
et puis les murs des villes saturés d'inscriptions en disaient long sur les combats politiques passés sur les combats tout courts les Grecs avaient morflés le souvenir des Colonels était encore chaud
chaude aussi la bienveillance de l'Europe à l'égard de ce régime fasciste à sa porte
chaud toujours le souvenir de la tutelle britannique dès 1945, de la guerre civile qui en découla, républicains contre monarchistes imposés par les alliés puis de plus en plus ouvertement l'implication de la CIA
chaud toujours le souvenir du 17 novembre 1973 (*)
maintenant le Marché a intériorisé les Colonels, ils sont au FMI, à la BCE
on dit que l'Histoire ne se répète pas, elle a toutefois tendance à bégayer
kalimera !
(*) http://futurrouge.wordpress.com/2008/12/15/grece-revolte-des-etudiants-rappelez-vous-en-1973/
Commentaires
Nous devrions avoir honte, ne plus nous regarder dans un miroir bien que pour les anciens grecs il était réservé aux femmes, l’homme se voyant dans le regard de l’autre. Baisser les yeux alors et rougir pendant que les anciens se tordent de rires dans leurs tombes, moqueurs et méprisants de nous voir jugés et notés par des marchands…Ah Ah Ah !!! Economie, la loi de la maison, ben voyons !
tout cela a été rendu possible par les lois de dérèglementation financière des années 80
cadeaux offerts aux oligarchies sous prétexte de lutte contre l'inflation
(ah ces années 80 quand Monsieur Tapie poussait sa chansonnette...)
toutes ces couleuvres nous les avons avalées
elles ne prennent sens que maintenant et nous sommes seuls devant nos machines
@limproviste
Elles prenaient sens à l'époque aussi mais les seuls qui auraient pu réagir, je pense à l’extrême gauche, ne voulaient pas s'abaisser à défendre ce qui était pour eux une république bourgeoise; alors que les services publiques, les entreprises nationalisées, la notion de bien commun avaient une réalité concrète en France qui n'était pourtant pas une démocratie populaire effectivement. Défendre ces acquis auraient pu faire partie du boulot d'une LCR par exemple...Évidemment ça aurait eu moins de gueule que la Révolution prolétarienne alors il fallait sans doute se ménager pour le grand soir!
eh oui, on peut également penser au silence du PC qui était encore à cette époque une force politique d'importance mais muselée par des accords électoraux
l'extrême-gauche il me semble était occupée ailleurs avec ces contre-feux allumés par le pouvoir en place...la montée du FN par exemple et puis tout ces petits cadeaux pour endormir la gauche de la gauche, l'abolition de la peine de mort, des QHS, la fin de la tutelle d'Etat sur l'audiovisuel, les radios libres, le détricotage de la loi anti-casseurs...l'essentiel du combat se déroulait hors des frontières avec Reagan et Thatcher mais cela se mettait subrepticement en place en France pour les années à venir, habile pouvoir !