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poésie - Page 31

  • diversion, divertir

    mourir pour l'Ukraine, pas encore, on n'est pas pressé mais cela se précise

    et pendant que l'Otan et la Russie s'observent en bougeant leurs pièces

    le monde retient son souffle en recherchant sur Google Earth l'épave du Boeing disparu

    c'était un triple sept mais cela s'appelle une diversion

    la véritable info du week-end c'était peut-être l'arrivée de "la marche pour la dignité" à Madrid

    une piètre manif, comme si, comme si

    ces dizaines de milliers de pieds n'étaient qu'un reflet

    mais bien réelles les mesures d'austérité qui les étranglent

    et les coprologues du FMI se félicitent des nouvelles capacités d'exportation de l'Espagne

    avec 25 % de chômeurs et des centaines de milliers de personnes qui craignent l'expulsion de leur logement au sortir de l'hiver

     

    mais où passe la colère ?

     

     

     

     

     

  • cette pensée

     

    des colonnes de tracteurs, on dirait  le même modèle tout droit sorti des chaînes de montage et ils avancent au ralenti dans la ville c’est puissant un tracteur, une armée comme ça, elle pourrait tout renverser,  il faudrait lui envoyer des chars, mais non, les flics repoussent les gars un peu trop méchants, la matraque est molle, on voit un manifestant chercher la petite bête il provoque un peu, d’autres envoient des pierres ou autre chose bien haut dans le ciel, le geste est superbe, universel et c’est tout les agriculteurs ne veulent pas la révolution ils désirent juste être entendu par le parlement

     

    le ministre parle il est élégant il parle doucement et ponctue la fin de ses phrases d’un sourire ce sont pourtant des choses graves une profession entière des dizaines de milliers de personnes sont au bord du gouffre inutile de mettre le son, son costume son sourire il est là

     

    c’est idiot cette pensée, les grues soulèvent des cadavres de vaches, vaches pendues au crochet, blanches et noires, des  montagnes de cadavres de vaches qui brûleront toute la nuit

    un homme longe un bûcher gigantesque, sur des centaines de mètres le bûcher est surélevé on y voit des porcs bien gras, la panse en l’air, des milliers de cadavres de porcs qui brûleront toute la nuit

    je pensais aux camps nazis

     

     

     

     

    © lacalavera

     

     

     

  • Montreuil blues

    Montreuil,

    quartier africain

    1 heure du matin;

    facile.

    Quatre blacks en boubous

    rentrent

    et se tiennent par la main.

    Leurs tongues.

    La lune est quasi ronde

    un soir d'été

    nous avions quitté la fête

    tôt débranchés.

    Ils se tenaient tous assis dans l'herbe

    sur deux rangs autour de la table

    qui les dominait comme un autel

    avec ses bouteilles.

    On dérape.

    dans le coin les maisons étaient basses,

    un ou deux étages, pas plus.

    Avec des fenêtres qui ne donnaient pas l'impression

    d'une dispersion dans l'espace

    éclats de lumière que l'on aimerait rassembler

    pour faire un phare.

    On se comprend.

    Et tout d'un coup tout s'est cassé

    la gueule.


    Le quartier les maisons les blacks en boubous

    la lune,

    même l'air ne circulait plus pareil.

    On était dans un film

    d'anticipation

    avec des moyens, du matériel

    et beaucoup d'argent.

    Des lames de verre et d'acier se tordaient vers le ciel

    à vrai dire, ce n'étaient plus des maisons.

    Des concepts en construction

    un délire.

    Je me suis longtemps demandé pour quelle faute

    on allait vous enfermer là.

     

     

     

     

     

    © Lacalavera