la jeunesse est dans la rue
et la rue l’entraîne
elle passe devant l’amour
mais l’amour a des yeux de verre
c’est un miroir
et la rue l’emmène
elle ne s’arrête pas
et son sourire énigmatique
elle presse le pas
elle passe devant les banques
et le feu prend
et les banques rient
et le rire rebondit sur les façades
elle passe devant les télés
tout est collant collé attirant
l’image est partout
ton image, tu montes ?
elle passe devant l’argent
et l’argent s’envole
on dirait une floppée de corbeaux
elle passe devant le pouvoir
ce sont les mêmes oiseaux
ils se posent et redécollent
elle passe devant l’assemblée
derrière les bancs il n’y a personne
elle passe devant l’Elysée
un chien jaune les regarde défiler
le perron est vide il n’y a personne
elle passe devant les flics
et les flics les cognent
la rue prend son dû
mais la rue les emporte
plus loin
© Lacalavera/Dimo
(*) Affiche Mai 68 (Sérigraphie de Carelman, Ecole des Beaux-Arts, Paris. Carelman, décédé en 2012, était le fondateur de l'OuPeinPo, l'ouvroir de peinture potentielle)