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sans sommation

Cet été il y a eu cette rumeur sur le Net à propos du décret n°2011-795 paru au Journal officiel du 1er Juillet 2011,

relatif à l'ouverture du feu sur des manifestants en précisant même le type d'arme reglementaire à utiliser à savoir des fusils à répétition de type FR-F2 de calibre 7,62x51 mm !

en France tout est prévu nous ne laissons rien au hasard

cela avait suffi pour le buzz alors qu'il suffisait de lire l'article jusqu'au bout pour faire retomber le soufflet

..."à titre de riposte en cas d'ouverture du feu sur des représentant de la force publique"...

mais c'est justement ce que déclara la police au lendemain de la répression sanglante de la manifestation du 17 Octobre 1961

nous n'avons fait que nous défendre !

la remise en mémoire de ces événements fait maintenant partie des dates anniversaires des médias

il n'en a pas toujours été ainsi

il a fallu attendre 1983 et le roman de Didier Daeninckx " Meurtre pour mémoire" (Gallimard) et surtout je crois, en 1991 le magnifique livre d'Anne Tristan avec les photos d'Elie Kagan "Le silence du fleuve" (Syros Alternative) pour se rendre à l'évidence

l'Etat français avait cette nuit-là commis un crime contre l'humanité, un crime imprescriptible qui ne sera pourtant jamais jugé

on peut toujours rêver

Commentaires

  • Le consul d’Algérie à Nice a organisé une conférence sur la ratonade très meurtrière et extrêmement violente de la police parisienne le 17 octobre 1961. Les dates anniversaires sur les épisodes meurtriers de la guerre d’Algérie ne manquant pas, le consul qui est certainement un homme d’honneur va avoir beaucoup de travail pour les honorer tous à moins que ne comptent pour lui et son gouvernement que les assassinats commis par des Français, ce qui d’après moi serait réducteur, injuste et fautif, une réconciliation passant par la reconnaissance de tous les meurtres. Mais qui se préoccupe d’apaisement et de réconciliation ? Et le gouvernement algérien n’a-t-il pas intérêt à montrer l’histoire sous son meilleur jour, manière de calmer les islamistes toujours présents ? A suivre…

  • c'est un des mots des plus affreux que je connaisse celui-là : ratonnade, qui mêle l'homme à l'animal pour mieux le détruire on l'animalise on l'extrait du genre humain
    non, revoir ces terribles photos d'Elie Kagan, hommes pendus du bois de Vincennes, hommes noyés repêchés dans la Seine,
    alors oui, crime d'Etat, je maintiens !

    j'ai l'impression que vous tenez une balance chargée du décompte des victimes dans l'un et l'autre camps
    il y avait quand même une situation initiale pourrie et un brin déséquilibrée, en 1830 et jusqu'en 1847 il y a bien eu une invasion militaire française en Algérie suivie d'une occupation puis d'une colonisation
    Qu'aurions-nous fait à leur place ,
    comment juger, faut-il juger ?
    je veux bien croire que dans ces circonstances la violence n'était pas indispensable, qu'elle est toujours perpétrée par des psychopathes, avec ou sans uniformes...mais quand même
    qu'aurions-nous fait à leur place ? être indigène dans son propre pays, citoyen de seconde zone à l'école de la République...
    à Sétif en Mai 1945, les cadavres de musulmans étaient si nombreux qu'on les brûlait dans des fours à chaux !
    il semble d'ailleurs que la répression absurde de cette autre manifestation ait précipité le désastre
    la complexité appelait l'intelligence mais il n'y eu que le sang et les armes

  • bon en fait je cherche juste à comprendre votre point de vue. Il faudrait m'aider !

  • Tout ce que vous dites est vrai et dans l’ignominie du côté français la liste des horreurs est encore longue. Cependant j’essaierai de développer mon point de vue ; en attendant deux citations : Sartre à propos de l’Algérie disant dans une préface célèbre « … il faut tuer : abattre un Européen c'est faire d'une pierre deux coups, supprimer en même temps un oppresseur et un opprimé : restent un homme mort et un homme libre… » et Jean-Pierre Millecam, romancier « algérien » dont je n’ai lu que cette citation « Les fils paient pour leurs pères, les innocents pour les coupables, les peuples pour les princes. ».

  • Mais oui c’est un mot affreux qui a existé et que j’ai volontairement utilisé pour rappeler ce qu’il y avait dans l’air à cette époque et pas seulement raton mais aussi bicot, bougnoule, tronc, melon, crouille, gris, arbi et j’en oublie peut-être. Crime d’état, oui comme en mai 1945, aout 1955 et toutes les nombreuses fois où des policiers et des militaires français ont agi hors la loi et ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité. Oui il ya eu occupation militaire et colonisation (sans oublier les expropriations) par une guerre très violente qui ne s’arrête d’ailleurs pas en 1847. On pourrait aussi rappeler les enfumades et les emmurades dont ont été victimes des combattants algériens et leurs familles durant la guerre de conquête.
    Tout cela est vrai mais situons nous en 1954 cent après cette conquête. Il y a autours de dix millions d’habitants en Algérie : grosso modo neuf millions d’Arabo-Berbères et un million d’Algériens d’origine européenne et juive. Ces deux communautés ne se sont pas mêlées ou si peu, un racisme ordinaire les traverse, la maitrise, la civilisation et un sûr sentiment de supériorité sont portés par l’européenne (héritière lointaine des victoires militaires françaises mais composée d’immigrés espagnoles, italiens, catalans, corses, maltais, alsaciens, etc.) : elles s’ignorent tout en tissant des liens, d’exploitation surtout, mais pas seulement ; et ne pas oublier que la majorité des Européens est composée de gens sans fortune, les colons sont minoritaires ; mais tous les Juifs et Européens sont citoyens français, les autres non. Islam et misère d’un côté, République et insouciance de l’autre : nous en sommes là, en gros, au premier novembre 1954 dans les trois départements français d’Algérie. La situation sociopolitique est intolérable.

  • Le gouvernement français, qui possède tous les pouvoirs, ne faisant rien pour changer les choses seule une révolte légitime doit le faire. Mais venons-en à la question qui nous préoccupe, l’existence de plus d’un million d’Algériens d’origine européenne et juive. Ces gens sont ils responsables de la situation algérienne ? Oui et non. Oui, parce qu’ils bénéficient de l’état de fait colonial et que la plupart acceptent l’inégalité des droits (qui les arrange bien, seule une minorité est politiquement lucide) et non, parce que le pouvoir est à Paris et que Paris n’impose pas grand-chose et laisse faire. Ces gens sont ils chez eux ? Oui, à condition que les choses changent et que les droits soient partagés ; leurs parents, leurs grands-parents, leurs arrière grands-parents sont nés sur cette terre. Demande-t-on à un Européen d’origine, citoyen d’un pays d’Amérique du Nord ou du Sud s’il est bien chez lui ou à un Australien ou un Israélien même (débat très actuel) ? Je dis que ces gens étaient chez eux en Algérie, pour la plupart d’origine modeste, émigrés venus là-bas pour vivre mieux comme tous les émigrés du monde : chez eux à condition que les choses changent et que les Arabo-Berbères ne soient plus comme des étrangers dans leur propre pays !

  • Une question, l'Algérie, qu'il nous faudra regarder officiellement en face un jour ou l'autre... Entièrement d'accord avec ce qu'écrit en particulier Mécanofils dans ses deux derniers posts.
    C'est avec le bouquin de Daeninckx que j'ai "découvert" le "17 octobre 1961".
    J'essaie depuis hier de retrouver des notes prises il y a deux ans, en écoutant un ami historien... je les retrouverai.
    La littérature (la vraie :) est un puissant adjuvant pour sentir et comprendre. Je pense aux deux derniers romans de Mathieu Belezi : "C'était Notre Terre" (Albin Michel, 2008) et "Les Vieux Fous" (Flammarion, 2011).
    Je pense aussi au magnifique livre de Wahiba Khiari : "Nos Silences", dont parle Angela Paoli sur son site "Terres de femmes" :

    http://terresdefemmes.blogs.com/mon_weblog/2009/11/wahiba-khiari-nos-silences.html

  • Et les choses vont changer. La révolte gronde, la révolution est en marche. Pour que ça change le FLN va choisir la lutte armée la plus dure avec le terrorisme comme moyen le plus efficace ; tous les coups sont permis, la haine et le meurtre seront les meilleurs outils. La révolution algérienne va se faire à la manière bolchevik avec une avant-garde éclairée, le FLN, qui guide le peuple, l’élimination systématique de toute opposition et l’utilisation de tous les moyens pour arriver au pouvoir : meurtre, chantage, racket, intimidation, terreur, mensonge…Celui qui n’est pas avec nous est contre nous et la fin justifie les moyens.
    On peut approuver, ce qui n’est pas mon cas, une telle politique qui en Algérie a d’ailleurs abouti à la prise du pouvoir par le FLN (même si historiquement d’autres éléments comme De Gaulle entrent en jeu) mais surtout il faut reconnaître qu’à ce jeu terrible on n’en sort pas indemne et les mains propres. En août 1955 à Philippeville la répression française est terrible mais des dizaines d’assassinats horribles ont été commis par le FLN ; à Sétif en mai 1945 avant l’existence même du FLN, la célèbre répression française (qui n’a jamais fait 45000 morts comme le dit la version officielle du gouvernement algérien) est précédé aussi de dizaines de meurtres d’Européens. Faut-il comptabiliser tous les actes terroristes, les meurtres d’innocents pour rappeler le choix politique du FLN ? Le massacre de Mélouza de mai 1957 village fidèle au MNA : des centaines de meurtres ; des milliers de morts dans la lutte entre FLN et MNA. La liste des assassinats politiques est longue.
    Il ne s’agit pas de dédouaner la France de ses erreurs et de ses crimes en rappelant cela mais de dire qu’une politique choisie était à l’œuvre, haine, meurtres, tortures dans une furie qui séparait les communautés par un fossé qui deviendra infranchissable.
    J’aimerais que tout cela soit reconnu, par exemple lors d’une conférence organisée par un consul d’Algérie ; reconnu aussi que les Européens qui se sont battus pour l’indépendance et qui voulaient rester en Algérie ont du demander, humiliés, la nationalité algérienne alors qu’elle était automatique pour les Musulmans, que d’ignobles massacres ont été commis contre les gens qui avaient choisi la France. Sans oublier certes le 17 octobre 1961 à Paris, ainsi que le 5 Juillet 1962 à Oran, mais aussi etc.…
    Sartre contre Camus à propos de l’Algérie, moi je choisis Camus dont il faut lire en rapport avec cette histoire « Les chroniques algériennes ».
    Au moment où après la mort de Kadhafi la charia est rétablie en Lybie, rêvons à la nouvelle Grèce qu’aurait pu être une Algérie franco-arabe, débarrassée de ses démons racistes et religieux, que Camus appelait de ses vœux.

  • merci Mécanofils pour ces longs commentaires auxquels j'adhère sans retenue. Le positionnement de Sartre a longtemps été dominant dans les analyses de l'extrême-gauche mais c'était finalement une sorte de charia coupée du réel
    Camus était plus lumineux...vous qui parliez de l'amour
    c'est ce qui a manqué et manque encore

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