le fracas

                                    des merdes d'hommes

                                    aux pieds des beaux immeubles

                                    les maires dorment

                                    leurs draps sont des linceuls

                                    et les corps anonymes attendent l'heure

                                    de la relève,

                                    la montée de la sève

                                    le fracas des lumières

                                    aux frontières des appartements.

les territoires occupés

pour un programme immobilier

plus de cafards salpêtre couloirs wc ouverts

traces de sang sperme

amenez le

murs lisses, couleurs douces, neutres

Sécurité maximale.

plus de cellule des unités d’hébergement et

des noms de rues

un sentiment de sécurité subjective 

se dégage des lieux

amenez le

des barreaux discrets,

mieux,

intériorisés.

volumes, espaces, lumières circulations

tout est agencé pour

intégrer

des concertinas joli nom

le ….. aussi bien que le ….. acceptent (in)volontairement l’enfermement

Supprimer les occasions légitimes d’indignation et de rébellion

L’effroi du visiteur

aimer aussi les miradors

voilà

Pour un nouveau programme immobilier

cela commencerait par quelques chiffres tirés du chapeau de l'INSEE ou de cet excellent Observatoire des Inégalités. En 2008, 1% de la population française a été placé en garde à vue, de fait ce pourcentage devrait être un peu plus élevé si l'on exclut du calcul certaines catégories faiblement "criminogènes" comme les plus de 75 ans par exemple...pour mémoire rappelons que 0,1% de la population est à l'ombre, chiffre incluant les moins de 15 ans et les plus de 75 ans ce qui représente tout de même 27% de la population ayant les plus grandes chances de ne pas s'y trouver...on est cependant très loin du record mondial détenu par notre modèle américain où 3% de la population stationne en case prison, bien sûr il y aurait aussi beaucoup à dire sur la répartition de la population carcérale par catégorie socioprofessionnelle ou par classe sociale mais là n'est pas le propos et on connait déjà le résultat alors, puisque la surveillance et l'incarcération sont les matrices du contrôle social décrété priorité nationale par un état paranoîaque, que l'on use toujours sans retenue de bons mots pour justifier cela "droit à la sécurité" ou "défendre les libertés"...

proposons au pouvoir un nouveau programme immobilier ambitieux et respectueux des normes carcérales