On s’en retournait souvent par la rue du Landis.
c’était pendant la guerre l’ennemi tirait nous n’avions que nos petites mains à poser partout.
On tombait dans tous les trous.
Les mots des images passaient de plus en plus vite.
Nous vivions des temps pourris.
La terre
gorgée rendue
verte
la moisissure les boîtes
y poussaient de travers et c’était écrit tout petit.
Ils disaient
il n’y a plus
de distinctions
de classes
de catégories
de secrets
la traçabilité c’est la liberté
il n'y a pas d'alternative !
Nous en devenions transparents
il fallait aller de l’avant mais devant c’était plein de tickets grattés
les immeubles étincelants abritaient des armées de petits cadres tous pareils
les caméras tournaient la circulation des flux Nous savions.
Y-avait-il encore une vie en dehors du numérique ?
Tout nous agressait, nous restions vissés par la peur à nos écrans de contrôle.
Les trajets pour trouver, les magasins à 10 francs, les affiches, les bagnoles, les verres teintés, tous ces nez pointus.
Nous étions effrayés. Nos signaux non verbaux s’éparpillaient dans l’espace, affolant des créatures en tous points semblables à nous.
Nos vieux, lestés de caméras numériques débarquaient aux antipodes emmerder les derniers papous,
traversaient des forêts vierges de tout remous, les nouveaux sanatoriums.
Nous prenions des substances
pour ne pas mourir, pour ne pas
tout simplement et retenir les couleurs
ne serait-ce qu’un peu raviver la flamme.
On nous avait dessiné un monde. Nous commencions à aimer les personnages,
l’histoire était intéressante et puis c’est parti. On n’a pas su écrire la suite et l’ennemi est revenu plus fort.
Notre croissance est bloquée la rage fait comme une boule dure