un jour nous n'aurons d'autre choix
que de regarder défiler les gagnants
têtes couronnées lauréats de ceci de cela champions 
étoiles blanches
visages vissés visages d'emprunt robes fendues 
seins apparents sourire aux dents bouches collées
dire que cela fait du bien à nous les masses massées
derrière les grilles les barrières les écrans
et les flics déguisés
regarder passer les gagnants
écouter leurs mots s'envoler leurs mercis
parfois même ils veulent changer le monde
nous y penserons en regagnants nos ruches
têtes courbées visages bleus
dans la lueur des smartphones
La calavère - Page 4
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au défilé
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le monde d'après (2) C’est comme si nous avions dormi C’est comme si nous avions dormi
 parfois pourtant nous nous réveillons
 nous sortons de l’hypnose
 de ses lumières bleues
 Et le monde a changé
 une novlangue promue dans les écoles de commerce dans les écoles de management dans les écoles de communication
 se déverse
 
 le langage de la technostructure comporte peu d’adjectifs
 pas d’affect ni d’émotion
 c’est le nouveau parler nazi
 ils n'ont pas de sang sur les mains
 ni de solution finale
 
 bien sûr il y a les machines
 elles sont partout
 de plus en plus petites un jour elles seront cellulaires
 elles agrègent elles compilent elles calculent
 la prochaine fois que nous nous réveillerons
 nous serons sous tutelle
 
 
 © LACALAVERA
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Chants de la Terre gaste (4)maintenant nous mangeons la Terre 
 nous la dévorons nos entreprises
 sont des formes en mutation un jour elles seront notre mère,
 
 la creusons la vidons
 nous mettons dessous dessus
 une autre couche une autre terre
 une peau grise
 cette folie
 
 ce que nous sommes devenus
 cette empreinte laissée sur le mur des cavernes
 notre passage au cœur des forêts
 quand ?
 
 
 
 © Lacalavera
 © Illustration "Thomas Pesquet in the dark", Blue Rabbit & Léa, 2018