clameurs

j'entends des clameurs, des coups sourds comme des poings frappant une table située très loin. Des hommes s'affrontent quelque part en ville. Les amis chez qui nous dînons ce soir ne remarquent rien d'anormal. Plusieurs fois déjà, j'ai tenté d'attirer leur attention mais en vain. Ils doivent penser que j'ai l'esprit dérangé, mais leurs échanges de regards trahissent peut-être autre chose.

Je vais à la fenêtre, les passants se pressent comme toutes les nuits dans toutes les villes, peut-être ces reflets oranges là-bas parmi les immeubles, peut-être que non.

 

Des clameurs comme des cris d'enfants, des tirs des bombes. Où sont vos enfants ?

 

 

© Lacalavera

 

 

 

L'homme fou

A VISA, le festival de photojournalisme de Perpignan,

on peut voir le temple de Baal à Palmyre

tel qu'il était avant aujourd'hui.

Sur certains clichés pris à la frontière turco-syrienne

on aperçoit des soldats de Daech

appellons-les des daechiens.

Ce sont de grands adolescents goguenards et fiers-à-bras

avec des barbes et des kalachs

des sales gosses. (*)

 

 

Il y a aussi un reportage sur les femmes yazidis qui ont choisi de se battre,

formées par le PKK, elles défendent maintenant leurs villages les armes à la main.
Quelle fierté dans ces regards, quelle humanité aussi.

L'homme est fou, disait André Bourguignon, psychiatre

l'espèce humaine est schizophrène

et ces deux faces se retrouvent côte à côte sous les cimaises.

 

Pour passer d'un lieu d'exposition à un autre, il faut traverser le quartier St Jacques

l'un des plus pauvres de France d'après l'Observatoire des inégalités

les façades et les rues sont maculées de merde

des déchets innommables encombrent les trottoirs

c'est à Perpignan

 

 

 

Sources

www.visapourlimage.com/fr/

www.inegalites.fr/

L'homme fou / André Bourguignon (PUF, 1994)

(*)...et les nominés sont... justement, le Visa d'or 2015 est allé à ce photo-reporter turc de l'AFP,

Bülent Kiliç, pour son travail sur le passage des réfugiés à la frontière turco-syrienne

désarroi

des hommes des femmes des enfants poussés par d'autres qui les poussent

eux même poussés par d'autres fuyant les brasiers allumés par la guerre et le fanatisme

fuyant le désordre que nous avons, peu ou prou, contribué à semer

débordant cette Europe commerciale gênée aux entournures

par ses populismes d'extrême-droite institués ou non

mais terriblement contagieux

seule l'Allemagne d'Angela Merkel laisse entendre une autre musique,

par pragmatisme certes

mais aussi peut-être par une prémonition politique

que le reste de l'Europe n'est pas prête à entendre

on sent bien que dans le Grand Jeu les cartes

se redistribuent, la roue doit tourner

 

les murs se rapprochent

et il est inutile d'attendre l'hypothétique mutation génétique

qui nous rendra moins cons