le pouvoir

sur un mur il n'y avait rien, puis, l'instant d'après, il y avait le visage du Président. Il parlait d'une voix très basse presque grondante, une menace

bien entendu, je ne comprenais pas ce qu'il disait mais la voix suffisait et surtout il y avait cette bouche qui peinait à s'ouvrir les petits yeux fixes presque fous et ce visage rond comme un poisson-lune, gagnée par la paralysie, gagné ou perdu, gonflé tendu la peau entre le vert et le violet ne sachant que luire cette peau comme une invitation, la tentation de la pourriture

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© lacalavera

les studios Pixar

on nous avait il me semble dessiné un autre futur

avec des couleurs plus voyantes

c'était un film d'animation sorti des studios Pixar

après le générique de fin l'écran noir

une grosse arnaque

sur la bande-passante les voix différentes se font nues

une cacophonie brouille les rares messages

déclinaison ad nauseam du même divertissement

d'urgence relever le rire

une manif à Saint-Jacques

 

La manif est entrée dans le quartier pourri et tout le monde a changé son visage

Les murs nus des petites rues en ruines les joues trop rouges des enfants

et  la surprise dans les yeux aux seuils des boutiques aux balcons

pauvres balcons des familles penchées.

La musique nous précédait comme un point d’appui

elle portait nos gorges serrées

Un couple de junkies commente le défilé, de vieux arabes applaudissent

des clameurs montent de la foule, on s’interpelle

des cris fusent des youyous des yodels

on voudrait tant faire que cela dure que cela monte

Place Rigaud, deux vieux magnifiques à leur fenêtre drapés dans le rideau bleu

 

 

 

 

 

 

© lacalavera