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La calavère - Page 104

  • les héros

                                 c'est fini, les bouteilles sont vides

                            les rideaux sont tirés

                            La bande-son grésille pendant que défile le casting,

                            il va falloir rembobiner,

                            revoir une à une toutes les séquences

                            d'abord en accéléré,

                            puis au ralenti.

                            les héros d'un jour

                            se coupent les doigts d'ennui

  • cet or rare

    frères d'Iran déjà retombés dans l'oubli

    sans doute votre sang n'était pas assez rouge vos cris insuffisament déchirants

    la peur la chose au monde la mieux partagée

    permettez nous sommes occupés et tout cela manquait de punch

    avec vos poèmes dans vos poches pour toute bannière

    vos S.O.S jetés dans la mer numérique

    pas de montage de mise en scène la panique

    la vérité magnifique cette pensée magique contre la haine des Gardiens et des bassidj

    c'est de rage qu'il vous faut de cette folie de cet aveuglement qui font les utopies

    fussent-elles brèves elles brillent mille ans

    de cet or rare rouge et noir nous n'avons plus de réserves

    nous ne sommes plus des guerriers vous êtes seuls

  • un jour ordinaire

    elles arrivaient avec leurs visages neufs

    lisses comme une image de magazine

    la broyeuse a besoin de corps,

    elles allaient s’user, se retrouver un beau jour avec du bleu sous les yeux et des jambes lourdes

    les miennes me portaient bien, merci, j’étais déjà un vieux chien, j’demandais plus ma route.

    à force d’attendre

    on s’étend dans toutes les directions, on déborde

    et le moindre contact fait vibrer les cils.

     

    cela ne s’était pas arrangé depuis mon dernier passage,

    les filets de pisse et les traces des hommes qui avaient passé la nuit dehors

    bouteilles de vin et préservatifs

    boîtes de Néocodion trouvées mortes en plusieurs endroits de la piste

    et les camés tournaient, papillons lâchés au grand jour

    et partout des immeubles avaient surgi comme des monolithes

    les halls d’entrée abritaient des jardins, des statues, de la musique,

    elles y entraient avec leurs visages de magazine.

    leurs jambes happées par les vitres teintées puis

    on entendait glisser les icônes sur l’écran des navigateurs

    des cars de touristes passaient au ralenti, leurs yeux collés au verre Sécurit.

     

    on se sentait nus dans les couloirs

    la  broyeuse a besoin de corps

    jeunes ou vieux, habillés de sacs, la viande dehors

    j'ai vu un homme sourire en sortant de la gare puis un prêtre a surgi drapé dans sa robe noire comme arrivant d’un autre monde

    lui demander quoi ?

    les trains attendaient sous le hangar

    pas envie de monter derrière ces nez pointus

    on pourrit plus vite au soleil